Maddy Keynote - Santé : l'avènement de l'homme augmenté

Publié le 29/01/2017 16:23 | Mis à jour le 09/09/2022 17:51

Ce weekend se tiennent les journées nationales de l’innovation dans la santé, à la Cité de la Science. Un événement gratuit pour découvrir la médecine de demain. Avec l’arrivée de technologies toujours plus à la pointe, le secteur de la santé subit une véritable transformation. Ces techniques font déjà leurs preuves dans les salles d’opération et pourraient bien guérir demain certaines pathologies graves. Nous l’avons vu durant le Maddy Keynote la semaine dernière, l’homme repousse les barrières de la mortalité. Pour Uwe Diegel, cofondateur de Healthworks France, l’homme qui vivra 150 ans est déjà né. Alors qu’à l’heure actuelle, on compte 450 000 centenaires dans le monde, il y en aura plus de 30 millions en 2030*. Une population qui vivra certes plus longtemps, mais aussi en meilleure santé. Sommes-nous en passe de devenir immortels ? A quel prix ? Quel est le risque de devenir des hommes augmentés, des transhumains ? Analyse de la digitalisation d’un secteur plus que jamais en vie.

Une médecine connectée pour un secret professionnel moins gardé

L’impact du Big Data sur la santé n’est plus à prouver. Les applications santé et le « quantified self » (mesure de ses performances sportives et de ses données médicales via des objets connectés) sont en pleine croissance. 81% des Français sont susceptibles de renseigner leur dossier médical en ligne. Ainsi, à son arrivée à l’hôpital, le dossier du patient sera directement accessible, ce qui permettra d’accélérer les soins et réduira le pourcentage d’erreurs médicales (sur des patients souffrant d’allergies ou de contre-indications à certains médicaments par exemple).

63% des patients Français sont aussi prêts à recevoir des consultations médicales en vidéoconférence afin d’avoir de meilleurs diagnostics, notamment pour des pathologies rares nécessitant l’intervention de médecins à l’étranger. Les patients connectés deviendront plus responsables, car plus au fait de leur état de santé au quotidien.

79% des Français considèrent que ces objets connectés permettent un meilleur suivi santé et 73% interagissent plus facilement avec un professionnel de santé. Les Français pourront bientôt observer leur ADN, leur pression artérielle ou leur taux de diabète eux-mêmes et choisir ainsi d’aller consulter avant même qu’un problème ne soit déclaré. Mais n’y a-t-il pas un risque de devenir hypocondriaques ? Les médecins traitant ne seront-ils pas dépassés par tous ces objets venant rivaliser avec leurs bons vieux stéthoscopes ? Certaines avancées permettent également de réparer le corps, parfois soi-même, à l’image de Nicolas Huchet, co-fondateur de My Human Kit. Amputé, il a lui-même constitué une main complètement personnalisée et moins onéreuse via une imprimante 3D dans un Fablab. De même, des implants rétiniens donnent la possibilité  à des non-voyants de recouvrer partiellement la vue. Nous passons donc de l’humain augmenté à l’humain réparé.

Enfin dans les blocs opératoires, la robotique a déjà fait son entrée en assistant les chirurgiens dans leurs opérations. Dans quelques années, les robots pourront effectuer de A à Z des opérations très compliquées qui nécessitent une précision surhumaine, notamment pour les opérations sur le cerveau. Pour Laurent Alexandre, ces nouvelles technologies risquent d’ailleurs de changer  le métier du médecin qui deviendra le subordonné de l’algorithme, comme l’infirmière est subordonnée au médecin. Pour autant les patients actuels et futurs sont-ils prêts à partager toutes leurs données? Non, car 52% des Français souhaitent que toutes les informations sensibles soient anonymes. 61% souhaitent recevoir une demande d’accord de la part de leur médecin, d’une entreprise ou d’une assurance pour pouvoir visualiser leurs données. Une méfiance toute particulière vis à vis des GAFA (93% des Français se méfient de Google, Apple, Facebook, Amazon), ces géants de l’Internet et de l’Economie qui promettent des résultats miracles sans jamais garantir le respect de la confidentialité des données de ses utilisateurs.

De la santé prédictive au transhumanisme

Google a de nombreux projets en cours via son entité secrète Google X Lab dont le but ultime est de « tuer la mort ». Sa société de biotechnologies Calico lutte contre le vieillissement en détruisant les cellules sénescentes du corps humain. De nombreuses startups travaillent sur des organes artificiels (comme le cœur artificiel de l’entreprise Carmat qui est encore en plein essai clinique). L’impression de tissus humains en 3D va permettre de répondre notamment à la pénurie de donneurs et ainsi augmenter l’espérance de vie de plusieurs patients. Mais certaines maladies qui font actuellement des ravages sont également en passe de disparaître.

Une puce électronique capable de corriger les dégénérescences du cerveau humain est en développement, elle sera capable plus tard de soigner des maladies comme Alzheimer ou Parkinson.  Même le mal du siècle est en phase de devenir une maladie chronique : une personne sur 2 dans le monde est confrontée soit personnellement soit via un proche aux maladies cancéreuses. La prévention et le dépistage devraient dans un futur proche faire disparaître 95% des cancers existants.

En plus de soigner les maladies, certaines startups se lancent aussi dans la recherche de la fontaine de jouvance, à l’image de Elizabeth Parrish, patiente 0 de sa startup BioViva qui annonce avoir rajeunie de 20 ans grâce à une thérapie génique. Peter Thiel, co-fondateur de Paypal, est convaincu quant à lui que l’injection de sang prélevé sur des individus plus jeunes permettraient un rajeunissement du corps humain. Les films d’anticipation tels que Minority Report ou The Island ne sont donc pas loin : gare au trafic d’être humain ! La santé devient donc prédictive, voire transhumaine et si la médecine suit cette voie, nous avons encore de beaux jours devant nous. Mais si ces innovations nous permettront de vivre plus longtemps, elle ne nous garantira pas l’immortalité non plus. Des chercheurs de New York ont défini la limite future d’espérance de vie à 115 ans. Alors que certaines pathologies disparaîtront, elles seront supplantées par d’autres, comme des maladies d’origines environnementales ou liées à des modes de vie alimentaires souvent en excès. En effet, en 2016 plus de personnes sont mortes d’obésité que de faim. Une révolution nutritive est donc également en marche, dont nous vous parlerons la semaine prochaine !  

Le conseil Hiscox :

Vous êtes professionnels de la santé ? Vous effectuez des services à la personne à domicile ? Pensez à avoir une assurance responsabilité civile dédiée à votre activité pour pouvoir servir au mieux vos patients.  

*Source : Le magazine de l’innovation 2017, Maddy Keynote https://www.maddyness.com/innovation/2017/01/26/maddy-keynote-tuer-la-mort/