Quelles tendances pour l’assurance en 2018 ?

Publié le 18/01/2018 13:37 | Mis à jour le 22/08/2023 14:43

Depuis quelques années déjà, la digitalisation bouleverse les entreprises et notre économie. Cette année encore, de nombreux changements dans le domaine du numérique et de nombreuses innovations technologiques se confirment.  IA, blockchain... les entreprises devront s’adapter à ces nouvelles tendances, et encore plus les startup. Mais elles ne seront pas les seules. En effet, le marché de l’assurance n’est pas en reste. Il vit en effet, et cela en parallèle, une autre mutation : plus économique et législative. Gwenaël Hervé, notre Directeur Général fait le point sur les 7 grandes tendances pour l’assurance en 2018.

1 - L’assurance cyber : une protection indispensable et de plus en plus accessible

Depuis plusieurs années maintenant, les cyber-attaques font (malheureusement) partie du paysage numérique. L’année 2017 a d’ailleurs été marquée par de nombreuses cyberattaques d’une grande ampleur. Petite ou grande entreprise, face à cette menace, nul n’est à l’abri. Les risques cyber concernent les entreprises de tous niveaux d’où la nécessité pour elles de s’assurer. En effet, les grandes sont en première ligne car elles possèdent des volumes de données à pirater plus importants. Mais les petites sont tout aussi vulnérables. Elles disposent en effet de moins de moyens en interne pour se protéger. Elles sont donc des proies plus faciles. Etant donné l’incroyable prolifération de cette menace et le fait que ce type d’assurance soit actuellement plus abordable, la cyber assurance sera très certainement au cœur des enjeux stratégiques des entreprises en 2018.

2 - Vers une robotisation de l’assurance, pour le meilleur ou pour le pire

Selon certaines estimations, l’Intelligence Artificielle (IA), pourrait devenir d’ici quelques années le premier moyen d’interaction avec les clients. Dans l’assurance, cette robotisation peut prendre plusieurs formes :

  • Les chatbots

Ces assistants digitaux créés pour simplifier les démarches en ligne des assurés, sont de plus en plus présents sur les sites web des compagnies d’assurance et ont pour mission de répondre aux questions les plus faciles posées par les clients. Mais pour être aussi efficaces et utiles que les véritables conseillers, ils vont devoir gagner en ergonomie et s’humaniser un peu plus pour répondre encore mieux aux attentes des clients. Lorsque l’outil bloque sur la question, l’humain prend le relai en mode « chat » tout court, de façon (presque) transparente.

  • Les solutions de RPA (Robotic Process Automatisation).

Cette tendance technologique consiste à automatiser les tâches informatiques récurrentes, notamment au niveau du back office, du front office et du support. L’automatisation robotisée des processus peut désormais reproduire au plus près les actions humaines et permet de libérer jusqu’à 30% du temps de l’utilisateur. Celui-ci peut ainsi se concentrer sur des actions présentant une vraie valeur ajoutée et s’occuper de cas plus complexes. Du point de vue de l’assuré, ces innovations présentent plusieurs avantages. Selon une récente étude1, trois quarts des consommateurs ont déclaré qu’ils seraient ravis d’obtenir des conseils assurantiels générés de manière digitale. L’intelligence artificielle offre en effet une simplification des services, un accès 24/7 mais aussi un meilleur suivi sur les cas complexes.

3 - La digitalisation va continuer à influencer le comportement des assurés

La digitalisation joue un rôle clé dans la manière d’aborder l’assurance. En effet, les assurés ont aujourd’hui la possibilité de comparer les offres des assureurs, de souscrire en ligne et même de déclarer un sinistre de manière très précise grâce à de nouveaux outils en ligne. Ce basculement vers le numérique représente pour les assureurs un double enjeu : l’acquisition et la fidélisation des clients ! La digitalisation est en effet avant tout une incroyable opportunité pour les assureurs de renforcer la relation client. Les compagnies d’assurance sont d’ailleurs nombreuses à avoir déjà anticipé ce changement profond de leur secteur en optant pour une approche multicanale. L’assureur intervient donc à tous les instants du cycle de vie du contrat grâce à plusieurs outils offerts par le digital (site web, réseaux sociaux ou extranets). Les compagnies d’assurance ne peuvent ignorer ces changements majeurs. Elles doivent les intégrer à leur stratégie de transformation qui ne peuvent, en interne, se co-construire que par des politiques d’accompagnement RH.

4 - Le renforcement de la régulation dans le secteur de l’assurance va mener les courtiers et les assureurs à se réinventer

Adoptée en janvier 2016 par le Parlement Européen, la Directive sur la Distribution d’Assurance (DDA) est sans doute l’une des réformes les plus structurantes qu’ait connu le secteur de l’assurance depuis plusieurs années. Son objectif principal est d’encadrer la pratique de distribution des produits d’assurance au niveau européen. Chacun de ces acteurs ont été amenés à produire un document baptisé IPID, destiné à rendre l’information plus claire et plus précise pour les clients. Sous la forme d’une fiche illustrée d’icônes et de listes bien expliquées, elle permet à l’assuré de connaître en quelques instants les domaines couverts par la police, ceux qui ne le sont pas, les échéances de remboursements ou encore les modalités d’annulation contractuelles. Cette initiative est un réel pas en avant vers une assurance plus compréhensible et plus transparente. Si la portée de cette législation peut préoccuper certains assureurs et courtiers en assurance, elle représente aussi de belles opportunités pour qui saura les saisir. C’est, en effet, l’occasion pour les assureurs de mettre en avant la qualité de leurs polices. Mais aussi de développer aussi leur relationnel client. Nul doute que ces documents vont permettre d’alimenter les comparateurs en ligne encore plus facilement et de manière plus précise, un vrai avantage pour le client.

5 - Les AssurTech vont continuer à creuser leur sillon

Les AssurTech, ces start-up digitales spécialistes du domaine de l’assurance, sont à ne pas en douter en train de rebattre les cartes du secteur. Elles enregistrent une forte croissance et leurs créations s’accélèrent depuis 2015. Le montant total investi dans ces sociétés a même été multiplié par 20 en 5 ans2. Ces nouveaux entrants sont logiquement considérés comme une menace pour 56% des assureurs mondiaux. C’est d’ailleurs pourquoi des assureurs historiques ont choisi de collaborer avec ces acteurs pour offrir des services toujours plus faciles, sécurisés et personnalisés aux utilisateurs. Certaines sociétés d’assurance semblent également avoir pris la mesure du potentiel des AssurTech puisqu’elles y ont investi près de 400 millions de dollars l’année dernière.

6 - La Blockchain va devenir un véritable levier de confiance

Née de l’avènement du cloud, la blockchain est devenue aujourd’hui une technologie d’échange incontournable. Ce nouveau système de transmission de données sans organe de contrôle présente de nombreux avantages pour le secteur de l’assurance. Elle permet d’accélérer et simplifier les transactions ordinaires. Mais l’inscription des transactions sur un grand livre commun est aussi un moyen très efficace pour l’assureur de vérifier les fraudes. Avec la blockchain, c’est l’ordinateur d’un utilisateur lambda et non une entité privée, qui détermine l’intégrité de la donnée en transit. Cette révolution technologique est un véritable gage de confiance pour les clients. La transparence des échanges crée un tiers de confiance rapide, sécurisé et beaucoup plus rassurant pour tout le monde. Enfin, c’est la garantie de coûts opérationnels plus faibles qui se répercutera indéniablement sur le client final de manière positive.

7 - La déclaration de sinistre 100% dématérialisée, gage de productivité ?

Il n’y a plus aucun doute à avoir à ce sujet : la déclaration de sinistre vit actuellement une petite révolution. Grâce aux nouvelles technologies, cette démarche essentielle du processus de dédommagement peut se faire aujourd’hui de manière complètement dématérialisée. Depuis son smartphone, un assuré peut envoyer les clichés de son sinistre à son assureur pour accompagner sa demande de dédommagement. La réalité virtuelle va plus loin en bouleversant l’inspection terrain. Elle est en effet  l’une des étapes les plus coûteuse du travail d’un assureur. Ainsi, au lieu d’envoyer plusieurs experts sur le lieu d’un sinistre, l’assureur pourra désormais ne faire appel qu’à un seul agent. Equipé d’un appareil photo à 360°, celui-ci pourra rapporter les clichés à ses collègues experts pour une analyse approfondie. D’après les premiers retours terrains, la mise en place de ce type de technologie a pour conséquence inattendue pour l’assureur d’améliorer l’identification de fraude. Une bonne nouvelle donc pour les assurés comme pour les assureurs. Ces derniers vont néanmoins devoir anticiper la formation technique de leurs agents.  

Vous l’aurez compris, l’assurance est amenée à fortement évoluer en 2018. Les acteurs vont devoir rapidement s’adapter et faire face aux transformations numériques du secteur. Des changements qui faciliteront néanmoins la vie et les démarches des assurés ! Une question subsiste néanmoins. Le tout-virtuel ne risque-t-il pas de déshumaniser petit à petit l’assurance en supprimant l’une des uniques occasions pour les assureurs et leurs clients de se rencontrer ?

  (1) Source Etude Accenture « Ai reshaping insurance »

(2) Source Les Echos « Assurtech : le boom des investissements »