Les 7 grands défis des acteurs de la vente d’art en ligne

Publié le 09/10/2015 15:33 | Mis à jour le 10/07/2019 17:16

Par Stéphanie de Montricher, Expert Marché Fine Art chez Hiscox France Bien que la majorité des collectionneurs qui acquièrent de l’art en ligne soient largement satisfaits, certains produits et services semblent toujours faire défaut, en particulier pour les objets de grande valeur.

Stéphanie de Montricher

1. La vérification matérielle :

Pour 82% des acheteurs d’art en ligne, le principal manque avec Internet, réside dans l’impossibilité d’inspecter l’œuvre de visu. Une meilleure information et des rapports obligatoires sur l’état de conservation, établis par un expert, pourraient rassurer les acheteurs. Le problème lié à l’apparence réelle de l’objet par rapport à sa représentation numérique suggère la nécessité d’images 3D (rotation), et d’options de zoom « haute résolution » pour toutes les œuvres d’art présentées en ligne. De plus, les modalités pratiques et les coûts liés au retour des œuvres d’art sont relativement différents de ceux d’un produit classique. Une politique de retour s’avèrera essentielle au fur et à mesure du développement du marché de l’art en ligne. En effet, 74% des personnes interrogées dans notre enquête affirment qu’une possibilité de retour sous 30 jours influerait significativement sur leur décision d’achat.

2. L’authenticité :

Deux-tiers des acheteurs d’art en ligne déclarent craindre d’acheter un faux. 80% des sondés ont déclaré cette année, que les certificats d’authenticité doivent devenir une pratique standard de la vente en ligne d’objets d’art et de collection. Cependant, une vaste controverse entoure également les certificats d’authenticité (COA) du fait que certains vendeurs n’hésitent pas à fournir des faux sur des sites d’enchères en ligne. Les certificats doivent être rédigés (et devraient être signés) par le créateur de l’objet d’art, l’éditeur de l’œuvre (dans le cas de reproductions limitées), un négociant établi, l’agent de l’artiste ou encore un expert reconnu des travaux de l’artiste. À défaut, le certificat n’a effectivement aucune valeur. Dans ce domaine, il existe un besoin accru d’uniformisation, afin que les acheteurs sachent s’ils peuvent faire confiance ou non au certificat obtenu.

3. La réputation et la confiance :

57% des acheteurs d’art en ligne affirment que le principal frein lors de l’achat d’œuvres sur Internet est lié à la confiance. L’importance accordée à la réputation du vendeur reste significative, elle constitue un défi pour les nouveaux acteurs, mais une opportunité pour les opérateurs établis. 49% des acheteurs existants affirment que les commentaires et les notations d’autres acheteurs en ligne permettraient d’instaurer une plus grande confiance dans le processus d’achat d’art en ligne. A l’image de certains sites de e-commerce, l’introduction d’un système de notation fondé sur la réputation des vendeurs et des acheteurs en ligne serait de toute évidence bien accueillie par les acheteurs (actuels et potentiels) afin d’évaluer la fiabilité, l’efficacité, le service et l’honnêteté du vendeur.

4. L’information :

57% des sondés déclarent être principalement préoccupés par le manque d’informations sur l’objet, tant en ce qui concerne la qualité que l’origine. Sur un marché où les tarifs et les estimations n’obéissent pas toujours à des règles logiques, disposer d’un historique des prix permettrait de rassurer l’acheteur sur le fait qu’il paye la juste valeur. Cela lui permettrait de connaître et de suivre les tendances de prix pour des objets similaires vendus par le passé. 58% des acheteurs potentiels déclarent qu’avoir accès à un rapport d’expertise indépendant améliorerait leur confiance à l’égard de l’achat d’art en ligne. Au fur et à mesure de l’expansion du marché en ligne des objets d’art et de collection, la demande d’expertises indépendantes va probablement s’accroître significativement. En l’absence de contact avec le vendeur, il sera nécessaire de mettre à disposition du client des informations davantage détaillées et plus accessibles. Une solution à ce problème pourrait prendre la forme d’un entretien avec un expert compétent au sujet d’un objet d’art ou de collection.

5. La logistique :

43% des acheteurs en ligne expriment des inquiétudes quant aux aspects logistiques de la transaction en ligne, et notamment les conditions d’emballage et d’expédition. 71% des sondés déclarent souhaiter davantage d’informations sur les conditions d’expédition et d’emballage, ce qui les rendrait plus confiants. Notre rapport pointe du doigt un manque d’informations, aussi bien pour les vendeurs que pour les acheteurs, concernant les aspects logistiques tels que le stockage, l’expédition et la qualité de l’emballage afin de protéger l’objet contre les dommages. Le secteur de l’assurance peut avoir un rôle important à jouer afin de faire respecter certaines normes à mesure que le commerce de l’art en ligne se développera.

6. L’assurance :

73% des acheteurs d’art en ligne attachent une grande importance au fait de bénéficier d’une couverture d’assurance appropriée lors de l’achat. D’autant plus que le transport est l’étape la plus risquée. Mais ils maîtrisent mal les produits d’assurance existants, et leur couverture en cas de perte ou de dommage. Bien que la majorité des expéditeurs assure l’œuvre durant son transport, nous avons ici l’opportunité d’informer les acheteurs d’art en ligne quant aux avantages d’une couverture d’assurance adaptée. Il en découlerait des opportunités d’étendre nos services et de nouer des relations avec une nouvelle génération d’acheteurs et de collectionneurs.

7. Les possibilités d’étalement des paiements :

La confiance des acheteurs d’art vis-à-vis de l’achat d’œuvres dans les segments de prix supérieurs (entre 7 000 € et 35 000 €) s’améliorant, le besoin en matière de financement devient plus évident. 46% des acheteurs dans ce segment de prix déclarent qu’une possibilité de financement aurait à l’avenir un impact important voire très important sur leur confiance à l’égard de l’achat d’art en ligne. Il est incontestable que le montant requis pour l’achat d’un objet d’art représente un défi de taille pour les nouveaux acheteurs en ligne. Par conséquent, des dispositifs intégrés aux plateformes de vente en ligne et proposant des facilités de paiement tel que « Own Art », lancé à l’initiative du Conseil des Arts d’Angleterre, pourraient à l’avenir jouer un rôle majeur pour attirer de nouveaux acheteurs sur le marché de l’art en ligne.  

Source : Hiscox Online Art Trade Report