Quelles aides pour se lancer dans l'entrepreneuriat social ?

Publié le 22/06/2017 17:27 | Mis à jour le 21/12/2021 17:58 | 6 min de lecture

Selon une enquête réalisée par Empow’her*, l’économie sociale et solidaire représente 7% des entreprises françaises et 10% des employés en France. Bien que représentant seulement une petite partie du paysage entrepreneurial français, le secteur enregistre une belle croissance. En effet, depuis 2000, on remarque une progression de 24% de l’emploi dans ce secteur contre 4,5% pour le secteur privé en général. Que signifie l’entrepreneuriat social et solidaire (ESS) et quelles sont les aides pour se lancer ?

L’entrepreneuriat social : l'efficacité économique au service de l'intérêt général.

Créer une entreprise sociale ou une entreprise “classique” est presque identique. La différence majeure réside dans le business model : le profit dégagé par l’entreprise sociale est mis au service de la communauté. Les entreprises sociales et solidaires servent ainsi une cause à travers la commercialisation de leurs produits et services innovants. On exclura donc de ce scope les entreprises qui, même si elles ont un impact social positif, conservent l’objectif de faire des profits. L'entrepreneuriat social peut avoir divers statuts juridiques selon les pays : associations, fondations, sociétés coopératives d’intérêt collectif…

L’ESS s’organise ainsi autour de quatre principes** :

  • Un projet économique viable qui induit une prise de risques, une réponse à une demande et la création de richesse et d’emplois.
  • Une lucrativité encadrée, qui met la rentabilité au service de la finalité sociale ou environnementale.
  • Une gouvernance participative, qui implique toutes les parties prenantes.
  • Une finalité sociale et/ou environnementale, dont la palette d’activités est vaste : droit des femmes, aide aux pays en développement, éducation, réinsertion et même gaspillage alimentaire !

En témoigne la startup Optimiam que nous avions interviewé récemment, et qui lutte activement contre le gaspillage alimentaire. A leurs débuts, ils n’ont pas pu demander de prêt à la banque, leur projet était jugé trop risqué. Ils ont remporté leur premier investissement financier (10 000€) en participant au projet « La Palme d’Or du e-commerce » de la CCI Paris. Au premier trimestre 2016, ils avaient levé 500 000€ auprès de business angels pour poursuivre la lutte anti-gaspillage. Mais en dehors des plateformes de crowdfunding et autres business angels, à quelles aides peuvent prétendre les futurs entrepreneurs sociaux ?

Des aides nombreuses mais de niche

Trouver un financement n’est pas une mince affaire lorsqu’on est à la tête d’une entreprise « classique », mais cela devient bien plus compliqué lorsque l’on dirige une entreprise sociale.

Benjamin Dupays, fondateur de Centimeo, en a fait les frais. Il a ainsi fait le tour des banques afin de financer sa startup mais est resté bredouille. « Les banques ne voyaient pas comment je pouvais dégager de la marge. Mon projet ne rentrait pas dans leurs cases. »*** Il a ainsi dû contracter un prêt étudiant personnel afin de se financer. Et Benjamin Dupays n’est pas un cas isolé. Pourtant un rapport du Comité français sur l’investissement à impact social chiffre à 1,8 milliard d’euros les montants disponibles pour les projets d’entrepreneuriat social. Encore faut-il savoir se repérer parmi les offres.

Il existe une multitude d’organismes offrant des aides spécialement en direction de créateurs d’entreprises de l’économie sociale et solidaire. A chaque projet, chaque étape de la vie de l’entreprise il existe une aide particulière****.

  • Vous souhaitez un prêt ? Hormis les banques et business angels, il existe deux structures qui se démarquent pour vous aider. Tout d’abord, La Nef qui propose des prêts à moyen et long terme (10 000 maximum) pour la création d’une entreprise sociale et qu’importe sa forme juridique. Ensuite avec son programme « Entreprendre Autrement », Réseau Entreprendre propose des prêts d’honneur allant de 15 000 à 50 000 € pour des projets à finalité sociale, sociétale ou environnementale à lucrativité limitée.
  • Vous recherchez des garanties ? France Active a créé deux fonds de garantie bien distincts. Tout d’abord le fonds pour les entreprises solidaires (FGES) garantissant à 50% des prêts allant de 5 000 à 100 000 €. Mais également le fond de garantie pour les structures d’insertion par l’économie (FGIE) garantissant cette fois 50% des prêts de 15 000 € à 120 000 €.
  • Vous recherchez des subventions ? La fondation Auchan verse une subvention à des associations de porteurs de projets en faveur de la jeunesse ou de l’insertion sociale. La  fondation Groupe Chèque Déjeuner quant à elle, verse une subvention à des structures déjà existantes qui créent des emplois, luttent contre l'exclusion et peuvent s’autofinancer.
  • Vous souhaitez qu’un organisme prenne une participation dans votre entreprise ? Garrigue fait une prise de participation minoritaire d'un montant pouvant aller jusqu'à 100 000€. La société d'investissement France Active (SIFA) intervient sous différentes formes possibles (obligations, titre participatif, entrée au capital, etc.) pour des montants de 5 000 à 500 000 €.
  • Vous cherchez le renforcement de quasi-fonds propres ? Dans le cadre du programme "Investissements d'avenir" (PIA), la Caisse des dépôts et ses partenaires financiers interviennent en quasi-fonds propres (prêts participatifs, contrats d'apport associatif). France Active propose un contrat d'apport associatif d'un montant de 5 000 à 30 000 € avec droit de reprise sans intérêt

 Vous participez à l’insertion professionnelle des personnes en difficulté ? L’Association intermédiaire (AI) met en relation demandeurs d'emplois et entreprises (ou particuliers). Les aides proposées sont comprises entre 4 600 et 24 400 €, plus exonération des charges patronales. Le Contrat unique d'insertion - Contrat initiative emploi (CUI-CIE)facilite le recrutement de personnes rencontrant des difficultés d'insertion professionnelle. Montant de l'aide modulable selon les régions. Pour les structures du secteur non marchand, c’est uniquement le Contrat unique d'insertion - Contrat d'accompagnement dans l'emploi  (CUI-CAE) s'applique. Si vous souhaitez ouvrir l’emploi aux personnes en situation de handicap, l’Agefiph sera l’organisme vers qui vous tourner.

Les aides pour les structures sociales sont moins nombreuses que celles pour les structures classiques néanmoins les entrepreneurs sociaux ne sont pas forcément à court de ressources. En moyenne, ils disposent d’un budget de 500.000 euros* et 60% d’entre eux parviennent même à dégager un revenu grâce à leur structure. Parmi eux beaucoup ont moins de deux ans d’activité. Même si cela sous-entend que 2 entrepreneurs sur 5 n’y arrivent pas encore, il s’agit de toute manière d’une difficulté commune à tous les entrepreneurs.

*https://start.lesechos.fr/entreprendre/actu-startup/6-idees-recues-sur-l-entrepreneuriat-social-7339.php?Gdul8i8E35umKByw.99

** http://mouves.org/lentrepreneuriat-social/l-entrepreneuriat-social/

*** http://lentreprise.lexpress.fr/creation-entreprise/etapes-creation/entrepreneuriat-social-sept-facons-de-trouver-des-financements_1742191.html

**** https://afecreation.fr/pid14857/aides-et-financement-des-structures-ess.html